Source : Le Soleil (Richard Therrien)
Un héros viril, accusé de meurtre, qui s'évade de prison pour prouver son innocence. Une plantureuse blonde amoureuse du présumé meurtrier, manipulatrice et rusée. Un ex-détenu à la silhouette de gros nounours, grassement payé pour collaborer. Et un policier tenu en otage, en échange d'un nouveau procès.
Je pourrais parler ici des personnages d'un thriller américain à gros budget. Eh bien, avec 100 fois moins d'argent, des producteurs québécois ont été capables de faire mieux, imaginez. Au nom de la loi a en effet tous les ingrédients d'une bonne série d'action, et plus encore : suspense soutenu, acteurs qui crèvent l'écran, réalisation nerveuse et inventive. Bref, on embarque dès les premières secondes, et on ne quitte plus l'écran, toujours avec cette même question : cet homme a-t-il pu, oui ou non, commettre un crime aussi crapuleux ?
Dans l'histoire, le crime dont on parle s'est déroulé il y a 14 ans. Le premier épisode commence par la vidéo amateur d'une petite fête à la campagne, qui se conclut par une tragédie : le meurtre sanglant d'une adolescente. Qui a tué ? Simon Pelletier, le petit ami de la victime, avec qui il venait d'avoir une relation sexuelle, est accusé et condamné à 25 ans d'emprisonnement. Parce qu'il refuse de plaider coupable, il n'aura jamais droit à une libération conditionnelle, comme dans la réalité. Quatorze ans plus tard, le détenu compte bien prouver qu'il n'est pas le tueur, quitte à commettre d'autres crimes.
C'est Patrick Huard qui incarne avec justesse celui qui clame son innocence, et qui a toute l'apparence du bon gars. Au cours des 10 épisodes de la série, tous ses gestes seront épiés par les téléspectateurs, qui voudront savoir s'il est le tueur ou non. Dans le rôle de sa blonde, une coiffeuse qui l'aidera à s'évader de prison, Jacynthe René prouve véritablement qu'elle peut être une bonne actrice : pas d'intonations chantantes, pas de rires insignifiants, un jeu tout en nuance. Son personnage, Céline, est prête à voler sa mère pour aider l'homme qu'elle aime. Et même à faire croire à son mariage prochain avec son amoureux « officiel », joué par Jean Petitclerc, pour couvrir son histoire d'amour avec Simon Pelletier.
L'évasion du détenu sera spectaculaire et offre un premier épisode de l'intensité d'un 24 heures chrono. La vision du réalisateur, Podz, y est pour beaucoup. Ses arrêts sur image — sa marque de commerce dans Minuit, le soir — éveillent toujours le téléspectateur sur certains faits en apparence anodins.
Plusieurs personnages vous paraîtront mystérieux ou suspects, particulièrement l'ami de Simon Pelletier, Scorpion (Louis Champagne, aussi de Minuit, le soir), qu'il a connu en prison, et qui l'aide aussi à s'évader. On découvrira bientôt qu'il ne le fait pas par grandeur d'âme. Et on le verra observer longuement Simon dans sa douche.
Sorti de prison, Pelletier commence par kidnapper le policier responsable de sa condamnation, joué par Réal Bossé, en pleins ébats avec sa maîtresse au moment de l'enlèvement. La vie de famille de l'homme marié, père de deux enfants, sera vivement éclaboussée quand sa femme (Évelyne Rompré) découvre la double vie de son mari.
La série de 10 épisodes est l'occasion de découvrir le visage de Rosalie Julien, qui incarne Nadine Théorêt, la policière chargée d'enquêter sur l'évasion de Pelletier. Baveux à souhait, Nicolas Canuel joue son partenaire de travail, qui ne lui fera pas la vie facile. Il faut dire que Nadine est l'épouse de l'inspecteur Robert Duranleau (Benoît Gouin), et qu'elle en est à sa première enquête.
Mais l'un des rôles secondaires les plus intéressants est celui de Judith Castonguay, une journaliste de la télévision de Radio-Canada convaincue de l'innocence de Pelletier. C'est par elle que l'évadé tentera de négocier avec la police et les autorités. Marie Turgeon, qui joue Sandra dans Rumeurs, incarne la journaliste, qui fera manger les enquêteurs dans sa main lorsqu'elle recevra une précieuse enveloppe brune.
Parmi les autres personnages étranges, Denis Bernard joue un ancien prof de cégep de Simon qui aimait beaucoup ses étudiantes. Et le frère de la victime, Tomek (Bobby Beshro), qui aimait faire de la porno avec sa gang d'amis dans ses jeunes années. Eux aussi nous apparaissent suspects.
Au nom de la loi est écrite par Michelle Allen et Isabelle Poissant, deux auteures qui maîtrisent habilement le polar. Le duo signe déjà Un tueur si proche, qui reconstitue des crimes bien de chez nous depuis deux saisons à Canal D. Elles pataugent donc quotidiennement dans les dossiers criminels québécois, et ont entendu comme nous tous ces cas de personnes faussement accusées de crimes. « Qu'est-ce qu'on ferait à leur place ? » se sont-elles demandées. Reste qu'Au nom de la loi n'a rien d'un documentaire mais tout d'une bonne fiction.
Michelle Allen et Isabelle Poissant se sont connues du temps de la série Diva, où Jacynthe René faisait justement sa première apparition. Mme Allen a aussi écrit les séries Lobby, Tribu. com et L'Or.
À inscrire à votre agenda, Au nom de la loi entre en ondes le jeudi 15 septembre à 21 h. Placée contre les reprises de Lance et compte : la reconquête, la série a une chance de capter l'attention d'un large public. Et si le jeudi n'est pas votre soirée, l'émission est en rediffusion le samedi à 22 h 30, à la place de Perdus.
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