Benoît Dutrizac congédié par Télé-Québec

Source : Presse canadienne

Benoît Dutrizac a été congédié par Télé-Québec; il ne coanimera donc plus l'émission Les Francs-Tireurs, l'une des plus regardées à la télévision d'État.
L'animateur a été avisé vendredi dernier de cette décision.

En entrevue au 98,5 FM, il a déclaré ignorer la raison exacte de son congédiement. Il attend toujours des explications.

M. Dutrizac afirme qu'il était en très bons termes avec le producteur des Francs-Tireurs, Zone 3, et la directrice de la programmation à Télé-Québec, Louise Gendron. Ses relations avec la présidente, Paule Beaugrand-Champagne, étaient toutefois plus difficiles. C'est elle qui l'aurait congédié.

Benoît Dutrizac croit avoir été mis à la porte pour la même raison pour laquelle il avait été embauché au départ: il n'a pas la langue dans sa poche.

L'animateur n'avait pas été tendre envers Télé-Québec lors de son passage à l'émission Tout le monde en parle, à Radio-Canada. Il s'était plaint de la façon dont Télé-Québec hésitait à rediffuser un documentaire sur le suidice assisté auquel il avait participé.

M. Dutrizac dit ne pas savoir ce qui attend l'émission Les Francs-Tireurs. L'autre animateur, Richard Martineau, n'a pas été congédié et les producteurs pourraient vouloir poursuivre l'aventure avec lui pour une huitième saison.

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Source : Le Soleil (Richard Therrien)

La franchise comporte de sérieux risques. Parlez-en à Benoit Dutrizac, qui vient de se faire montrer la porte des Francs-Tireurs à Télé-Québec pour avoir trop parlé. L'animateur, dont les récentes déclarations sur l'islam et sur l'avenir de Télé-Québec ont mis le feu aux poudres, a appris vendredi dernier qu'il ne serait pas à l'antenne en septembre prochain aux côtés de son collègue Richard Martineau. « On me renvoie pour les mêmes raisons qu'on m'a engagé », juge l'animateur reconnu pour son franc-parler.

Difficile d'avoir l'heure juste, hier, sur les véritables motifs du renvoi, le producteur et le diffuseur tenant des discours différents. Donnant des détails au compte-gouttes, Télé-Québec a même voulu nous faire avaler, le plus sérieusement du monde, qu'un changement de concept était à l'origine du départ de Dutrizac.

La décision découlerait plutôt d'un conflit avec la présidente-directrice-générale de Télé-Québec, Paule Beaugrand-Champagne, mais Benoit Dutrizac affirme qu'on ne lui a donné aucune raison pour justifier ce renvoi. « Personne de la direction générale n'a eu la décence, après sept ans, de m'appeler pour m'expliquer ce qui se passe. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je n'en sais absolument rien. »

Benoit Dutrizac qualifie pourtant de « civilisés » ses récents rapports avec Mme Beaugrand-Champagne. « Ça n'a jamais été la grande amitié entre elle et moi, mais ça n'a jamais été l'animosité. Vraiment, je ne vois pas ce qui justifie ce congédiement. »

Rappelons les faits : lors de son passage à Tout le monde en parle le 21 novembre dernier, Dutrizac avait entre autres dénoncé la décision de Télé-Québec de ne pas rediffuser son reportage intitulé Manon, sur le suicide assisté d'une Québécoise en Suisse, en plus de se demander ce qu'une émission sur le vin faisait à Télé-Québec, et de déplorer l'orientation de la nouvelle direction depuis le départ de Mario Clément vers Radio-Canada. Ses patrons n'ont visiblement pas prisé sa virulente sortie.

Dutrizac rétorque aujourd'hui qu'il a pris la défense du diffuseur chaque fois qu'il en a eu l'occasion. « J'ai été un de ceux qui a le plus défendu le sous-financement de Télé-Québec en public et réclamé une programmation à l'année, et je continue de croire à la télé publique québécoise. »

D'autre part, à l'émission Les Francs-Tireurs du 16 mars, Dutrizac a dénoncé les contraintes alimentaires imposées aux enfants de religion musulmane durant le ramadan. Après avoir qualifié l'islam de « stupide », l'animateur a reçu des menaces de mort et a été accusé par le Centre de recherche-action sur les relations raciales d'avoir offensé les musulmans. « Quand Richard et moi, on s'est déguisé en pape et en évêque à la parade gaie, on n'a pas reçu de menaces de mort, même s'il s'agissait d'un pied de nez à une religion », veut-il rappeler aujourd'hui.

Benoit Dutrizac ne regrette donc pas ses propos controversés, et juge qu'ils ont été cités hors contexte. « Comme adulte au Québec, est-ce qu'on peut tolérer que des enfants ne boivent pas et ne mangent pas du lever au coucher du soleil durant des mois ? J'ai voulu lancer un débat de société parce que je ne suis pas d'accord avec ça. Aussitôt qu'on prend position, c'est controversé au Québec. »

L'animateur juge qu'aucune comparaison n'est possible entre le cas de Jeff Fillion et le sien. « Je n'ai quand même pas ridiculisé une animatrice de télé sur la dimension de ses seins. Entre la liberté d'expression et la liberté de diffamation, il faut faire la part des choses. »

Déçu du congédiement de son collègue, Richard Martineau assure être toujours en bons termes avec lui, mais reste prudent lorsqu'il commente ses récents propos. « C'est un grand garçon, il a le droit de dire ce qu'il veut, c'est à lui à se défendre. J'imagine qu'il y a des conséquences à gueuler contre ton propre patron devant deux millions de personnes. Benoit, il est comme ça. »

Martineau, qui poursuivra néanmoins son travail à Télé-Québec cet automne, ne croit pas devoir adoucir ses propos à l'antenne à la suite des récents événements. « Si Télé-Québec veut que Les Francs-Tireurs continuent, je pense qu'ils veulent qu'on garde le même ton. Je ne me verrais pas soudainement faire des recettes, faire des plugs, recevoir des artistes et les qualifier de gentils et d'exceptionnels. Ils aiment qu'on soit méchant, mais dans le cadre de l'émission ! »

En informant récemment la maison de production Zone3 qu'elle ne souhaitait plus revoir Benoit Dutrizac aux Francs-Tireurs, Télé-Québec lui a aussi demandé de modifier la formule de l'émission, l'une des plus regardées à cette antenne. « Nous trouvons ça dommage parce que Benoit a fait un boulot exceptionnel durant les sept dernières années. J'espère que nous pourrons retravailler avec lui parce que nos relations sont restées très bonnes », nous a confié Michel Bissonnette, producteur exécutif chez Zone3.

Richard Martineau aura-t-il un nouveau collègue, ou sera-t-il entouré de plusieurs collaborateurs cet automne ? « Toutes les pistes sont encore ouvertes, nous allons nous asseoir avec Richard cette semaine », affirme le producteur. Plus radicale, Télé-Québec parlait plutôt hier d'abandonner le titre des Francs-Tireurs pour trancher avec le concept des sept dernières années, et refusait même de confirmer le retour de Martineau à l'animation de la nouvelle formule. Décidément, les évasives explications du diffuseur jurent avec la franchise de son animateur viré !

Ce n'est pas la première fois que des propos le moindrement controversés font bondir la pdg de Télé-Québec, Paule Beaugrand-Champagne, que plusieurs jugent bien frileuse. En novembre 2002, elle avait suspendu momentanément la diffusion d'une entrevue accordée par Gilbert Rozon aux Francs-Tireurs, où Richard Martineau qualifiait la productrice Micheline Charest de « fraudeuse ». L'année dernière, la même pdg décidait à la dernière minute de reporter la diffusion d'un reportage de 1045, rue des Parlementaires portant sur la coalition Destituons Patapouf !, ridiculisant le premier ministre Jean Charest.

Benoit Dutrizac coanimait Les Francs-Tireurs avec Richard Martineau depuis la toute première saison en 1998, alors que Laurent Saulnier complétait encore le trio. En attendant que d'autres projets de télévision se présentent à lui, Dutrizac sera au micro du 98,5 FM à Montréal le samedi matin et en remplacement cet été, le midi et au retour à la maison.

Source : La Presse (Louise Cousineau)

Benoît Dutrizac n'avait pas hésité à tirer sur la direction de son employeur, Télé- Québec, à son passage à Tout le monde en parle en novembre dernier. Le franc-tireur a réalisé jeudi dernier qu'il s'était aussi tiré dans le pied: Télé-Québec ne veut plus de lui.

L'émission Les Francs-Tireurs reviendra l'automne prochain, probablement avec le même titre, toujours avec Richard Martineau, toujours produite par Zone 3, mais sans Benoît Dutrizac. On en profitera pour rafraîchir la formule, en ondes depuis sept ans, a dit le producteur Michel Bissonnette, qui ajoute que l'équipe a beaucoup de talent. On cherche un nouveau journaliste pour former un duo avec Richard Martineau.

Hier, M. Dutrizac se plaignait que la direction de Télé-Québec ne l'ait pas appelé directement pour lui signifier son congé et les raisons qui l'ont causé. Les discussions ont eu lieu entre Paule Beaugrand-Champagne, présidente de Télé-Québec, et André Larin, un des partenaires de Zone 3. M. Larin a ensuite transmis le message à Benoît Dutrizac.

Hier, Mme Beaugrand-Champagne refusait de s'expliquer à la presse, alors qu'elle mettait à la porte une des rares vedettes de sa chaîne. Quant au relationniste Pierre Sheridan, il affirmait qu'on attendait de nouvelles propositions de Zone 3 sur l'émission qui va remplacer Les Francs-Tireurs. Contrairement au producteur, il niait que le magazine hebdomadaire garderait son titre actuel. Bref, la situation n'était pas claire rue Fullum, où on a toujours du mal à gérer la moindre controverse.

Mais une chose était limpide: personne ne voulait prendre la défense de l'animateur congédié.

Les problèmes de Benoît Dutrizac ont commencé l'automne dernier lorsque Télé-Québec a programmé son documentaire Manon, sur le suicide assisté, le soir de la dernière de la téléréalité Occupation double. Il a fortement dénoncé ce mauvais choix de case-horaire, ainsi que le fait de ne pas avoir été sollicité pour animer le débat qui suivait son documentaire.

À l'émission de Guy A. Lepage, il avait émis de sérieux doutes sur la compétence des dirigeants actuels de Télé-Québec, ajoutant qu'il était dommage que le seul être de vision à avoir dirigé l'autre télévision, Mario Clément, ait déménagé à Radio-Canada.

À l'époque, Télé-Québec n'avait pas voulu commenter les dures paroles de M. Dutrizac.

Manifestement, Mme Beaugrand-Champagne a attendu la fin de la saison- et du contrat de M. Dutrizac- pour lui répondre par la bouche de ses canons.

Hier matin, à 98,5 FM, à Erick Rémy qui lui demandait ce qu'il changerait à Télé-Québec s'il en était le patron, Benoît Dutrizac a répondu: " Paule Beaugrand-Champagne, toute la haute direction et le département des communications. "

En entrevue avec La Presse hier, M. Dutrizac a souligné toutefois qu'il s'entendait de mieux en mieux avec Louise Gendron, la directrice des programmes, qui envisageait de rajeunir la présentation des Francs-Tireurs.

Mais la présidente Beaugrand-Champagne ne trouve pas grâce à ses yeux. " En début de saison, elle a affirmé à Marie-France Bazzo qu'elle admire les talents journalistiques et télévisuels de Jean-René Dufort. C'est ça, sa vision! "

Richard Martineau se réjouissait hier que l'attitude de Télé-Québec ne soit pas un vote de non-confiance envers l'émission. " Il s'agit plutôt d'un conflit avec Benoît Dutrizac. L'émission a encore sa place. " M. Martineau est bien content de revenir la saison prochaine.

Hier, Télé-Québec consacrait sa soirée à la liberté de la presse. Qui n'est pas, comme certains animateurs comme Jeff Fillion de Québec le pensent, la liberté de proférer des injures publiquement. Benoît Dutrizac sait être un bon journaliste et il a fait d'excellentes entrevues. Mais il a oublié une donnée essentielle: mieux vaut ne pas dire publiquement du mal de ses patrons quand on veut continuer à travailler pour l'entreprise.

M. Dutrizac, 43 ans, est aussi animateur d'une émission d'affaires publiques le samedi à 98,5 FM. Hier, il ne voyait pas beaucoup d'avenir pour lui à la télévision privée chez nous.

À Radio-Canada, on verra si Mario Clément le repêchera.

Chez Zone 3, Michel Bissonnette affirme vouloir bâtir un autre concept autour de Richard Martineau.