Source : La Presse (Hugo Dumas)
Même si son ultimatum à TQS lui a coûté son gagne-pain, l'animateur de la quotidienne de Loft Story, Philippe Fehmiu, juge avoir quasiment rendu un service aux Québécois en obtenant le renvoi du psychiatre Pierre Mailloux. "C'est une victoire pour moi d'avoir libéré les téléspectateurs des propos du Doc Mailloux", dit Philippe Fehmiu, sur un ton calme.
"C'est assez, la provocation non respectueuse. Le manque de respect, je n'étais plus capable", enchaîne l'animateur, qui planche présentement sur Robin des bois, une émission de télé mettant l'accent sur l'engagement social et le bénévolat.
Vendredi après-midi, après trois semaines d'intenses débats sur l'affaire Mailloux, TQS a annoncé le congédiement du psychiatre et de Philippe Fehmiu. Ni un ni l'autre n'apparaîtront dans Loft Story 2 en janvier. Le premier a été renvoyé pour les propos controversés qu'il a tenus sur le quotient intellectuel des Noirs lors de son passage à Tout le monde en parle. Le deuxième a été remercié pour avoir forcé ses patrons à choisir entre le Doc Mailloux et lui. Rappelons que le Doc Mailloux analysait le comportement des lofteurs aux galas du dimanche.
"Je n'ai pas été surpris. Je savais que l'ultimatum n'avait pas été bien reçu. J'étais conscient du risque", note Philippe Fehmiu.
Hier, il disait n'éprouver aucun remords. "Je n'ai aucun regret. Je me sens libéré de cette situation-là", souligne-t-il. L'animateur dit avoir bénéficié de nombreux appuis, provenant de tous les milieux. "Je suis content d'avoir entendu tout ce que j'ai entendu", rappelle-t-il.
Trois jours après la diffusion de Tout le monde en parle, Philippe Fehmiu a lancé son ultimatum à TQS sur les ondes du 98,5 FM: "C'est le Doc Mailloux ou c'est moi." Il a ensuite rencontré ses patrons au Mouton noir, qui lui ont demandé de ne plus répéter publiquement son ultimatum.
Dans l'après-midi, un reporter de TQS s'est rendu chez Philippe Fehmiu pour un reportage diffusé au Grand Journal de Jean-Luc Mongrain. Selon TQS, il a de nouveau donné son ultimatum.
Ce segment a toutefois été coupé au montage. Plus tard dans la journée, Philippe Fehmiu a donné des entrevues aux journaux et visité le plateau de Pierre Bruneau et Claude Charron à TVA. Le lendemain, il a enregistré Tout le monde en parle à Radio-Canada.
" On est vraiment désolés. Sur le fond, on endosse complètement ses propos. Ça n'a rien à voir avec le gars, mais plutôt avec son attitude. L'ultimatum, ce n'était pas nécessaire ", dit la vice-présidente aux communications de TQS, Thérèse David.
" Dans le contexte, je peux comprendre qu'un patron ne veuille pas créer de précédent ", réplique Philippe Fehmiu, bon joueur, en affirmant qu'il n'a " aucun problème avec TQS ".
Aurait-il pu passer son message sans poser d'ultimatum à ses patrons? " Je n'avais pas le choix d'agir comme ça. Moi, ce n'était pas ça que je sentais. Je sentais que je ne voulais pas travailler avec lui ", répond Philippe Fehmiu.
L'animateur n'a pas chiffré hier les pertes financières découlant de son renvoi, disant simplement que c'est " de l'argent qui lui aurait permis de vivre pendant un an ". Une source à TQS évalue son contrat à un peu moins de 100 000 $.
Avant Tout le monde en parle, Philippe Fehmiu n'a jamais eu d'accrochage avec le Doc Mailloux. " Mais j'ai éprouvé des malaises quand il a posé des diagnostics sur la façon dont les lofteurs ont été élevés ", remarque-t-il.
Avec le magazine télé Robin des bois, qu'il prépare avec le producteur Luc Wiseman de chez Avanti, Philippe Fehmiu veut " rendre l'engagement social et le bénévolat cool ".
Avant tout, le Robin des bois est un restaurant qui ouvrira le 1er décembre, boulevard Saint-Laurent, angle Marie-Anne. Quotidiennement, des personnalités iront y popoter et tous les profits seront remis à une dizaine d'organismes aidant les gens dans la rue.
Comme le bar Chez Roger servait de plateau à Christiane Charette, le resto Robin des bois sera au centre de cette nouvelle émission hebdomadaire. " Ça se veut un talk-show culturel avec un angle bien précis: l'engagement social ", décrit Luc Wiseman. Aucun contrat avec un diffuseur n'a encore été signé.