Source : Le Soleil (Richard Therrien)
Cela va de mal en pis pour Gilles Proulx, qui vient de se fermer les portes de TQS, du moins pour un temps. Depuis hier matin, c'est le chroniqueur judiciaire Richard Desmarais, qui coanime L'Avocat et le Diable avec Stéphane Gendron. Les patrons du mouton noir jugent que Gilles Proulx n'a pas respecté sa promesse de se tenir tranquille et le suspendent jusqu'à nouvel ordre.
La direction de TQS, qui s'est dissociée des propos de l'animateur sur l'adolescente victime de viol, l'avait remis à l'ordre en début de semaine. Lors de cette rencontre, Gilles Proulx se serait engagé à ne plus tenir de tels propos en ondes et à ne pas faire d'apparition publique à ce sujet. Or, il a depuis accordé des entrevues à plusieurs quotidiens, notamment pour commenter son congédiement de Canal Évasion, en plus d'accepter une invitation à Tout le monde en parle.
Gilles Proulx n'a appris que, hier matin, en arrivant à TQS, qu'il était temporairement relevé de ses fonctions, moins de deux semaines après la première de L'Avocat et le Diable. En ondes quelques heures plus tard au 98,5 FM à Montréal, il a ouvert son Journal du midi en se disant victime d'un "grand tribunal de l'Inquisition". "Je ne fais que défendre des valeurs familiales, a-t-il plaidé. Peut-être, peut-être que je n'ai pas eu une tenue acceptable." Vendredi dernier, à TQS, il avait entre autres traité la jeune victime de viol de "petite garce", de "petite niaiseuse" et de "petite cochonne".
À la radio hier, Gilles Proulx affirmait qu'il ne pensait pas directement à la victime quand il a prononcé ces mots, mais aux jeunes filles en général. Il a d'ailleurs qualifié ses propos du 9 septembre dernier de "pas si graves que ça".
"Dans une station qui se définit comme le Mouton noir et où on m'appelle le Diable, je ne peux pas faire le poisson rouge dans un bocal !"
Joint par LE SOLEIL, Gilles Proulx dit ne pas avoir apprécié que ses patrons à TQS lui demandent de garder le silence. "En matière de communications, je n'ai pas de leçons à recevoir. J'ai 65 ans et 43 ans de métier, je suis capable de me défendre."
Soufflé par l'ampleur de la controverse, l'animateur regrette certains mots qu'il a pu utiliser vendredi dernier mais maintient sa position. "Est-ce que les parents ne méritent pas des blâmes à laisser des enfants à 11 h du soir alors qu'ils devraient être à la maison ? Ces adeptes de Britney Spears et d'Avril Lavigne qui se promènent le ventre à l'air n'ont que ça dans la tête et ne sont pas très équipées intellectuellement pour faire face aux loups qui les guettent. C'est là-dessus que je voulais faire porter le débat, mais on n'a retenu que les expressions, comme petite garce et petite vache qui a mal aux pattes."
Gilles Proulx, qui a dénoncé dernièrement le type de propos tenus par Jeff Fillion, proteste lorsqu'on tente un rapprochement entre l'ex-animateur de CHOI et lui. "Je m'excuse, mais "petite garce", ce n'est pas "ma tabarnac, les gros totons, je vais te fourrer sur le hood !" Petite garce et petite cochonne, c'est dans le dictionnaire, à ce que je sache."
L'animateur associe la controverse dans laquelle il est plongé à celles du trophée lancé par Guy A. Lepage et des doigts d'honneur de José Théodore cette semaine. "Souvent, dans la communauté juive, on entend : "Si tu ne me livres pas la commande demain, je vais te tuer !" Dans notre société d'ignares, on peut prendre ce verbe tuer et t'emmener au tribunal. Mais pour eux, ça n'a aucune connotation. On a tendance à extirper des mots, c'est épouvantable !"
Plus tôt cette semaine, Canal Évasion prenait les devants en retirant de sa programmation l'émission Gilles Proulx, globe-trotter, jugeant les propos de l'animateur inacceptables. Au 98,5 FM, le directeur des programmes Yvon Vadnais affirme qu'il n'est pas question de suspendre Gilles Proulx des ondes radiophoniques.
"Nous sommes très satisfaits de ce qu'il fait en ondes pour nous. En ce qui concerne TQS, il y a eu un dérapage malheureux, mais ça ne nous touche pas directement. Ce qu'il a dit sur nos ondes reflétait beaucoup plus sa pensée que ce qu'il a dit dans un contexte de débat avec Stéphane Gendron. Certaines paroles ont peut-être dépassé l'idée maîtresse de ce qu'il voulait dire."
Hier soir, Gilles Proulx allait s'expliquer sur le plateau de Tout le monde en parle, malgré l'opposition de TQS. L'émission sera présentée dimanche, 20 h, à Radio-Canada. TQS fera connaître sa décision sur l'avenir de l'animateur à son antenne probablement au cours de la semaine prochaine, mais Gilles Proulx se dit prêt à honorer son contrat d'un an.
En attendant, Richard Desmarais remplacera l'animateur. "C'est pas ça qui m'ébranle. J'ai vu de la pluie avant ça, et j'ai une carapace très solide !" affirme Gilles Proulx.
L'animateur dit avoir reçu un appel de Stéphane Gendron. Selon lui, son coanimateur souhaite son retour, même s'il n'a pas endossé les mots prononcés le 9 septembre. "Je ne sais pas s'il va rester s'il fallait que je saute."
C'est la seconde fois que Gilles Proulx est suspendu des ondes. En 1968, un commentaire sur Pierre Elliot Trudeau le soir de l'émeute de la Saint-Jean lui avait valu une suspension d'une semaine à la station de radio CKLM, à Montréal.