Source : Le Soleil (Richard Therrien)
Véronique Cloutier en a vu d'autres, mais elle ne pensait jamais se faire offrir le 18 heures ! Et le public, habitué de passer ses vendredis soir avec elle depuis plusieurs années, ne s'imaginait certainement pas la retrouver en début de soirée à l'heure des nouvelles.
« J'avais des plans pour une émission hebdomadaire, et le projet était très avancé, nous a-t-elle révélé. Mais Mario Clément m'est arrivé avec son plan de reconstruction du 4 à 7. Au début, ça m'a fait peur, mais en y pensant bien, ça a du bon sens. C'est risqué, mais si on ne l'essaie pas, on ne le saura pas. »
En ondes dès le lundi 12 septembre entre les nouvelles de 17 h et Virginie, le nouveau talk-show de variétés représente un aboutissement naturel pour l'animatrice, qui a pourtant décliné plusieurs propositions du genre par le passé, entre autres à TVA. Chaque fois, elle répondait qu'elle n'était pas prête. « Je vieillis, je prends de l'expérience, j'ai de plus en plus confiance en mon jugement du côté de la production, de la conception. Je suis devenue pas pire pour savoir si les idées vont marcher ou pas. J'avais besoin de cette sérénité pour pouvoir m'attaquer à une quotidienne en direct. »
Il faut dire que Radio-Canada a mis toutes les conditions pour que Véro lui dise oui. L'animatrice n'aurait pas voulu d'un talk-show de fin de soirée, qui l'aurait empêchée de voir ses enfants. Et elle a insisté pour n'être en ondes que du lundi au jeudi.
Véro conserve néanmoins son émission de radio à Rythme FM, Les Midis de Véro, qu'elle coanime de Montréal avec Marie-Soleil Michon. « Je suis consciente que c'est beaucoup, que je ne pourrais pas continuer à ce rythme-là durant six ou sept ans. Mais le sentiment qui m'habite est que je suis capable de le faire. Et il y a des moments qu'on ne peut pas toucher, comme la fin de semaine où je ne fais rien. Et je fais ni radio ni télé le vendredi. »
Au naturel
Que dire du talk-show Véro, dont les publicités ne disent que peu de choses ? La principale intéressée veut s'y montrer sans artifices, très différente des grandes émissions de variétés qu'elle a animées ces dernières années. « J'avais le goût de porter des jeans, pas de talons trop hauts. Ça revient beaucoup dans les réunions de production. Je veux être comme dans la vie, je ne me maquille pas beaucoup et je pense sans aucune prétention être une personne accessible, facile d'approche. »
Véronique a donc choisi de travailler sans le bureau traditionnel de l'animatrice de talk-show. Consciente qu'elle attrapera les téléspectateurs au retour du boulot, en plein souper, elle animera dans un décor très lumineux et apaisant, très proche du public en studio. « On parle souvent de feel good movie ; moi, j'aimerais avoir un feel good show. On n'est pas crampé tout le long, on ne pleure pas, on est juste bien ! »
L'animatrice aime l'idée d'un concept libre, jamais identique d'une journée à l'autre, elle qui a toujours été enfermée dans des formules très rigides. Elle enregistrera cette semaine une émission pilote pour tester plusieurs idées. « C'est sûr qu'il y aura un duplex tous les jours en direct d'un événement culturel ou ailleurs, avec le public », annonce-t-elle. Marc-André Chabot, connu pour avoir skié tout nu au Poing J, s'occupera des duplex, alors que Marie-Élaine Proulx explorera le monde des vedettes avec l'animatrice. Mais le chum de Véro, Louis Morissette, ne fait pas partie de l'équipe. « Ce n'est pas impossible qu'il collabore, mais il a beaucoup de projets. Et nous ne sommes pas menottés l'un à l'autre. »
Entrevues artistiques
Véro fera bien sûr des entrevues et on aura droit à des performances musicales en studio. « Je vais surtout recevoir des artistes. La politique et les causes sociales, je laisse ça à Tout le monde en parle et aux Lionnes. Chacun son créneau. »
L'animatrice est très consciente que son installation à 18 h en dérange plusieurs, notamment dans la salle des nouvelles de Radio-Canada. « J'imagine que ça les a bousculés, déstabilisés, c'est normal. Mais Pascale Nadeau (chef d'antenne au Téléjournal/Montréal), que j'ai rencontrée deux ou trois fois dans la dernière semaine, entreprend l'automne du bon pied. Je la sens positive et elle a été d'une grande gentillesse avec moi. »
Ceux qui souhaitaient revoir Véronique faire des imitations ou camper des personnages devront sûrement patienter. Elle n'écarte pas la possibilité de proposer de brefs sketchs de temps à autre, mais pas question de gags élaborés comme dans Ceci n'est pas un Bye Bye.
Refera-t-elle une autre parodie de fin d'année ? Pas pour l'instant, c'est certain. Et il lui aurait été inconcevable d'en produire une depuis l'automne dernier. « Avec tous les événements qui se passaient dans nos vies personnelles, ça n'aurait pas été le moment d'aller faire les clowns et de rire des autres. On était mal placés pour rire de qui que ce soit ! »
Depuis qu'elle a quitté MusiquePlus pour animer La Tête de l'emploi à Radio-Canada, elle n'a jamais été tentée de quitter l'institution. Et ce n'est pas parce qu'elle n'a pas eu d'offre. « Qui a un patron qui te dit de prendre le temps pour te remettre de ton accouchement ? Tu ne peux pas négliger ça dans le milieu de rapaces dans lequel on travaille. C'est un milieu dur, hypocrite, il y a des jeux de pouvoir qui se jouent. Quand tu rencontres quelqu'un en qui tu peux avoir confiance, tu n'as pas envie de t'en séparer. »
L'ancienne animatrice de La Fureur n'est pas peu fière de constater que l'émission a survécu à son départ il y a deux ans. Sébastien Benoit y entreprend une troisième saison à l'animation le samedi 17 septembre à 18 h 30. « Je savais que le concept n'était pas mort, qu'il avait encore de bonnes années. Le samedi, ce n'est pas une soirée facile, mais 600 000 téléspectateurs, c'est au-delà de nos attentes. »
En forme et en santé
Malgré tout ce qu'a traversé sa famille depuis un an, Véro n'inspire aucune inquiétude. Et aussi improbable que cela puisse paraître, son bonheur n'a rien de forcé. « Je suis en forme, j'ai une bonne santé, j'ai eu l'été pour me refaire des forces, dans ma bulle, avec mes enfants et mon chum. J'aimais ne plus me voir dans les journaux, ne plus entendre parler de moi. »
Neuf mois après la naissance de son deuxième enfant, Justin, Véronique dit savourer pleinement sa vie de mère. Et déjà, à deux ans, sa fille Delphine semble suivre ses traces. « Elle me fait des spectacles, elle adore la musique, la télévision. »
À travers ses multiples engagements, Véronique compte assumer pleinement ses tâches de présidente chez Novem, qui produit entre autres La Fureur et le nouveau magazine Coup de pouce avec Élaine Ayotte. L'équipe de Véro planche aussi sur des projets de séries de fiction, une nouveauté chez Novem, dont une comédie actuellement à l'étape de développement.
Madame la présidente est-elle une patronne intraitable ? Absolument pas, même qu'elle manquerait un peu de fermeté. « Je suis moins habile quand je sais que je vais faire de la peine à quelqu'un. Mais des fois, t'as pas le choix, quand il faut remercier une personne. Quand ça arrive, je le fais faire par quelqu'un d'autre ! » (Rires)