Source : La Presse
Pascale Nadeau est déçue et a de la difficulté à digérer la disparition des ondes du bulletin d'information de 18 h. Résignée, la journaliste-présentatrice se rallie à la décision de ses patrons de ramener son Téléjournal/Montréal entre 17 h et 18 h pour ouvrir la voie au nouveau talk-show culturel de Véronique Cloutier.
" Nous sommes un petit peu ébranlés. Moi, je suis certainement déçue. Dire le contraire, ce serait mentir. L'abandon du 18 h, c'est toute une tradition. C'est un deuil à faire, qui arrive rapidement. Ça nous arrive et on essaie de comprendre et on ne comprend pas trop. Quand j'ai fait le retour au 18 h, on m'a parlé de stabilité, qu'on irait chercher les téléspectateurs un à un et qu'on rebâtirait ce qui avait été détruit. Cette émission-là n'a eu aucune stabilité ", indique Pascale Nadeau.
Pascale Nadeau ne voit pas que du négatif dans " ce changement total de stratégie de programmation ". Elle concède que mettre en ondes un bulletin d'information à 17 h 30, " alors que le train est déjà en marche à TQS et TVA ", n'était pas idéal. Sauter dans la course à 17 h, en même que Pierre Bruneau et Claude Charron à TVA, donnera un coup de pouce à son équipe. " Je suis une combative. J'encaisse le coup et je me retrousse les manches ", remarque Pascale Nadeau.
Notre nouvelle d'hier a eu l'effet d'une bombe dans le milieu de la télévision. La Presse a en effet révélé que Véronique Cloutier héritera d'un talk-show quotidien à 18 h pour l'automne, tassant Le Téléjournal/Montréal de Pascale Nadeau entre 17 h et 18 h. Dans un gros chambardement de grille, Radio-Canada déplace à 16 h sa nouvelle émission La Fosse aux lionnes, coanimée par Anne-Marie Withenshaw, Renée-Claude Brazeau et Johane Despins. La SRC mettra le paquet, à l'automne, dans la portion de 16 h à 19 h pour rehausser l'écoute générale de la chaîne.
Ensemble
Hier, le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) s'est aussi dit déçu de l'abandon du bulletin de 18 h, mais avoue son impuissance. " Les patrons font plus confiance aux variétés qu'à l'information, qui est notre fer de lance. On a le visage long au Centre de l'information et on trouve ça dommage. Mais on n'a pas de méthode concrète pour tenter de renverser cette décision-là ", confie le président du SCRC, Robert Fontaine.
Ce n'est pas la programmation générale qui a volé la case de 18 h aux gens de l'information, précise Sylvain Chamberland, premier directeur nouvelles et actualités de Radio-Canada. " Nous avons travaillé ça ensemble. Moi, je suis tout à fait d'accord avec ça. D'abord, on fait front commun pour dire: on attaque ce pan de mur-là, entre 16 h et 19 h, pour leur donner une go. Et on commence le bulletin dans le même sens que tout le monde ", souligne-t-il.
Pour pallier l'absence de nouvelles à 18 h sur les ondes de la SRC, RDI produira un téléjournal national, dont l'animation a été proposée à Pascale Nadeau. " Quand les gens disent que l'information disparaît à Radio-Canada... ce n'est pas vrai. Arrêtez ce discours-là. On fait 41 heures d'affaires publiques et d'information par semaine. Si je ne m'abuse, c'est ce que produisent TQS et TVA ensemble ", détaille Sylvain Chamberland.
TVA n'a pas peur
TVA dit ne pas craindre l'arrivée de Véronique Cloutier dans la case de 18 h, traditionnellement réservée à l'information. " Je pense que la grande majorité des gens a besoin de s'informer à 18 h. Oui, il y a des téléspectateurs à 17 h, mais il y en a encore plus à 18 h. Avec l'achat de l'hélicoptère, notre volonté, c'est d'être encore plus fort en information. Le bulletin de 18 h, c'est sacré. Et nous allongeons Le TVA 22 h de Sophie Thibault jusqu'à 23 h. C'est clair qu'ici, notre mandat, c'est l'information ", dit la porte-parole de TVA, Nicole Tardif.
Pierre Bruneau entamera l'automne prochain sa 30e saison comme lecteur de nouvelles à l'heure du souper. TVA insistait sur ce point hier: pendant la même période de temps, 20 lecteurs et lectrices de nouvelles différents l'ont affronté à la SRC. " Il y a un malaise à Radio-Canada. Ils changent d'heure, ils changent d'animateurs ", indique Nicole Tardif.
Chez TQS, on se félicitait hier d'avoir été les premiers à devancer l'heure de diffusion du Grand Journal. " Ce qui arrive, c'est une autre conséquence du Grand Journal de Jean-Luc Mongrain. TVA n'aurait jamais été à 17 h si Jean-Luc n'avait pas été là. Et Radio-Canada non plus. Radio-Canada se cherche. On le voit. Ils essaient de faire du 110 % avec la nouvelle émission de Mario Langlois ", remarque le porte-parole de TQS, Claude Deraîche.
La lutte en information à 18 h se fera désormais entre TVA et TQS. À la rentrée, Véronique Cloutier et son Véro Show prendront l'antenne avec des entrevues, des sketches et de l'humour. Selon une source, le contenu (et le format) de l'émission de Véro a été revu à plusieurs reprises. " Aux deux jours, Mario Clément (le directeur des programmes) changeait d'idée ", raconte cette source. Et l'équipe du Véro Show devait plancher sur le projet dans le plus grand secret, question de déstabiliser la compétition en septembre.
Il a été impossible de parler à Véronique Cloutier hier. Chose certaine, elle conserve son microphone à Rythme-FM, où elle anime quotidiennement Les Midis de Véro.