Source : Le Soleil (Richard Therrien)
Après quatre ans d'un succès inespéré, les patrons de TVA ont bien tenté de le retenir, mais rien n'était plus important pour Claude Charron que de réaliser enfin son rêve : vivre à Paris.
"À 55 ans, j'ai annoncé à mes amis que je m'installerais à Paris à 60 ans. Plusieurs ne me croyaient pas", raconte-t-il. Et pourtant, l'ex-politicien n'a qu'une parole et part pour la France en juin, quatre mois avant ses 60 ans. Aucun chèque ne pouvait le distraire de son rêve. "Philippe Lapointe (patron de la programmation à TVA) m'a dit que si je changeais d'idée, ça prendrait cinq minutes et le contrat serait prêt. Je pense que j'aurais pu demander ce que je voulais."
Claude Charron a dû aussi se faire convaincant à l'endroit de son collègue Pierre Bruneau, qui a mis du temps à comprendre sa décision de briser leur duo complice et gagnant. "Je voulais qu'il soit d'accord, je ne voulais pas l'abandonner", dit-il, convaincu d'y être parvenu.
Même s'il part bel et bien s'installer seul à Paris, il s'est quand même laissé convaincre pour une collaboration occasionnelle. Ainsi, il pourra au besoin intervenir aux bulletins de TVA par téléphone ou en duplex. Si un événement majeur devait se produire en Europe, il s'engage à se déplacer pour y préparer des interventions.
Mais ne comptez pas sur un retour au quotidien, même à son retour au pays dans un an ou plus. "Je ne refais pas des choses que j'ai faites. Et c'est beaucoup de travail. Quand j'aurai goûté à un rythme différent durant un an, je ne pense pas qu'à 61 et 62 ans, ça va me tenter." Quoi qu'il décide, ses patrons lui ont déjà proposé une émission d'affaires publiques hebdomadaire à son retour.
Mais pourquoi donc Paris et pas Londres ou Rome ? "Un coup de foudre de jeunesse, répond Claude Charron. J'y suis allé une première fois à 20 ans en 1967. Mais j'y ai séjourné quelques jours en 1982 et j'ai eu la piqûre. J'ai toujours dit que je voudrais y vivre les quatre saisons."
Amant de la solitude, il est certain de ne pas s'ennuyer. Quant aux Parisiens, il a su les comprendre et les apprivoiser. "Mais je n'ai encore jamais eu à vivre avec un voisin de palier parisien !"
Claude Charron laisse Le TVA 17 heures au sommet des cotes d'écoute, loin devant la concurrence, y compris à Québec. Et TVA a choisi de ne pas le remplacer. Avec son départ disparaît donc cet éditorial parlé, dont la formule n'est pas prisée par tous, mais qu'il a su imposer rapidement aux téléspectateurs. Son plus marquant selon lui : sa lettre à George Bush sur la guerre en Irak. "Nous avions reçu une tonne de courriels, et c'est là que nous avons décidé de mettre le texte sur Internet."
Et pourtant, quand on lui a proposé la formule de l'éditorial en 2002, il n'y croyait pas trop. "Je craignais les montées de lait artificielles, de déchirer mon linge en public. Ce n'est pas mon genre. Pour ne pas que ce soit improvisé, que des mots malheureux sortent, je me suis mis à les écrire. Et c'est devenu mon éditorial. J'en ai fait 500." Son dernier de ce soir sera rédigé à 15 h aujourd'hui.
Quant à l'indépendantiste Claude Charron, ancien ministre du Parti québécois, il compte être revenu si un troisième référendum devait être tenu. "Si les libéraux sont réélus, il va y avoir une implosion du mouvement souverainiste, qui va questionner l'existence du Bloc québécois à l'autre bout. Mais si Boisclair est élu, il faut prévoir qu'en 2008, 2009 ou 2010, l'événement promis sera tenu. Ce sera la troisième fois, et il n'y en aura pas quatre", tranche-t-il.
Quoi qu'il en soit, Claude Charron compte dévorer ses journaux même à l'étranger. Et il s'est entendu pour revenir momentanément à TVA si des élections provinciales devaient se tenir durant son absence. Après tout, TVA a été premier dans les sondages aux trois élections couvertes par son animateur-vedette.
Claude Charron part donc en fin de semaine à Paris pour y trouver un appartement, avant de revenir à Pâques, le temps d'assister au Gala Artis. Comme pour lui témoigner son affection indéfectible avant son grand départ, le public lui a en effet décerné une nomination dans la catégorie "Animateur d'émissions d'affaires publiques".
D'ici là, le chouchou des nouvelles s'adressera une dernière fois à son public, ce soir, quelque part avant 18 h, d'un ultime "Madame et Monsieur, au revoir et merci !"