Source : Le Soleil
RDI a été victime d'un canular de mauvais goût, mardi soir, quelques heures après la sortie de piste de l'Airbus d'Air France à Toronto. Contrairement à ce qu'il a raconté en direct par téléphone à l'émission La Part des choses, un homme qui disait s'appeler Michel Poitras n'était pas à bord de l'appareil au moment du drame. En recevant l'appel du prétendu miraculé, RDI n'y a cependant vu que du feu et a fait passer l'homme en ondes, croyant faire un bon coup. Le récit a été repris en une de La Presse d'hier.
Et pourtant, plusieurs éléments de son témoignage ne concordaient pas avec les récits des autres passagers. Le faux survivant, dont on n'a jamais vu le visage, a entre autres raconté qu'une cousine, aussi à bord de l'appareil, avait perdu son bras gauche lors de l'impact, alors qu'on a relevé seulement des blessures mineures parmi les miraculés.
Le dénommé Michel Poitras, qui disait revenir de Paris avec sa famille, a aussi raconté que les passagers avaient reçu l'ordre de mettre leur tête entre les jambes avant l'atterrissage. Non seulement cette information est-elle fausse, mais on sait maintenant que les passagers étaient en train d'applaudir au moment d'atterrir !
La chef des communications de RDI, Diane Lafontaine, affirme que les précautions d'usage ont été prises avant de transférer l'appel de l'homme en ondes. "Pour chacune de nos tribunes téléphoniques, nous questionnons d'abord les gens qui nous appellent durant deux à trois minutes. La recherchiste lui a posé plusieurs questions et lui a demandé son numéro de téléphone. Tout ce qu'il a dit à ce moment-là était cohérent avec ce qu'on savait de ce qui s'était passé."
L'animateur Christian Latreille a toutefois mis peu de temps à relever quelques incohérences dans ses propos. "Mais selon une psychologue spécialiste en intervention post-traumatique qui prenait part à l'émission, poursuit Diane Lafontaine, tout concordait avec le comportement d'une personne qui vient de vivre un accident d'avion. Ces gens peuvent en perdre des bouts et en inventer parfois."
Quand l'interlocuteur a prétendu que le pilote avait demandé aux passagers de mettre leur veste de sauvetage 45 minutes avant l'atterrissage, Christian Latreille a finalement éprouvé de gros doutes sur la validité du témoignage et il a mis fin à l'entrevue. Une simple vérification parmi la liste des passagers de l'Airbus 340 a permis de découvrir qu'il s'agissait bel et bien d'un canular. Quant au numéro de téléphone fourni par l'homme, il s'agissait aussi d'un faux.
RDI aurait-elle dû en informer aussitôt son auditoire et La Presse, qui a publié l'information à son tour ? "Nous n'avons eu toutes les confirmations que ce matin", répond Diane Lafontaine, qui souligne que l'émission n'a pas été rediffusée en soirée. Christian Latreille a fait une rectification et a exprimé les regrets de RDI à La Part des choses, hier soir. "Ça fait partie des risques du direct. Notre politique a été suivie à la lettre, nous avons bien vérifié avant de mettre la personne en ondes."
RDI n'essaiera pas d'entrer en contact avec l'auteur du canular, dont l'appel était bel et bien en provenance de Toronto. À La Presse, qui publie un rectificatif dans son numéro d'aujourd'hui, le vice-président à l'information et éditeur adjoint Philippe Cantin n'a voulu formuler aucun reproche à l'endroit de RDI. "Nous regrettons d'avoir publié cette information erronée. Chaque fois qu'on se trompe, peu importe le sujet, c'est toujours malheureux, mais ça arrive, à la masse d'informations qu'on publie dans une année."