Source : La Presse (Hugo Dumas)
Drôle de journée à Radio- Canada hier. D'abord, La Presse a appris que la SRC se réinstallera à l'automne dans le créneau du matin avec une nouvelle émission animée par Simon Durivage. Plus tard dans la journée, Radio-Canada a annoncé à ses employés que l'instigateur de ce projet, Sylvain Chamberland, " quittait " la grande tour du boulevard René-Lévesque.
Selon une source à l'interne, Sylvain Chamberland rentrait de vacances du Costa Rica hier quand il a appris la nouvelle de son départ, qui est en fait un congédiement. Ancien grand patron à CKAC et Radiomédia, Sylvain Chamberland a été nommé premier directeur de l'information, nouvelles et actualité de la SRC à la mi-janvier. Entre 1992 et 2002, il a occupé diverses fonctions à la direction de l'information de TVA et LCN.
En six mois à Radio-Canada, Sylvain Chamberland a abattu beaucoup de boulot. Sous son règne, les parts de marché du Téléjournal/Le Point ont grimpé de 33 %. C'est également lui qui est allé chercher la reporter Emmanuelle Latraverse à TVA et qui a mis les journalistes en vedette dans les publicités du Téléjournal. Et à RDI, la décision de mettre l'accent sur la couverture de la commission Gomery a rapporté gros: les cotes d'écoute ont triplé pendant les heures d'audience.
Si ses idées ont été si bonnes, pourquoi Sylvain Chamberland doit-il quitter la SRC? Dans un communiqué envoyé à l'interne en fin de journée hier, que nous avons obtenu, la SRC souligne d'ailleurs son apport " dans l'évaluation de l'offre globale de nouvelles de Radio Canada et du RDI et ses nombreuses suggestions pour consolider notre position ont été très profitables ".
La Presse a tenté en vain de joindre Sylvain Chamberland hier. À Radio-Canada, on refuse de prononcer le mot congédiement. " C'est une décision commune ", répète la porte-parole de la SRC, Guylaine O'Farrell.
Dans la salle des nouvelles, Sylvain Chamberland était très apprécié des journalistes. La nouvelle de son renvoi a donc causé toute une onde de choc hier. Différentes sources à l'interne décrivaient Sylvain Chamberland hier comme un " gars de nouvelles ", " un gars de terrain qui aimait que les choses bougent rapidement " et " un patron qui a réussi à insuffler un vent de fraîcheur, une énergie et un dynamisme dont on avait grandement besoin ".
Sans succès, La Presse a également tenté d'obtenir des précisions de la part du directeur général de l'information de Radio-Canada, Louis Lalande.
Du nouveau le matin
Dans sa nouvelle émission matinale, la SRC y va à petits pas. Simon Durivage, dont l'émission gardera le titre de simondurivage.com, occupera les ondes entre 8 h et 9 h. À ce moment, Radio-Canada se détachera de Matin express du Réseau de l'information (RDI) pour présenter sa nouvelle émission axée sur l'actualité du jour et la nouvelle qui fait jaser. Sur RDI, Matin express, animée par Michel Viens, conserve sa case horaire de 6 h et 10 h.
Contrairement à Caféine (TQS) ou Salut, bonjour! (TVA), l'émission matinale de Radio-Canada ne contiendra pas de segments du style comment préparer vite et bien la boîte à lunch des enfants ou comment raffermir ses abdos à l'aide d'un ballon suisse.
" On part avec deux sujets d'actualité. On veut se distinguer des autres émissions du matin. Ce ne sera pas un magazine ni un talk-show. Ce sera une émission d'actualités, avec une tribune téléphonique ", explique Simon Durivage, joint hier par La Presse. Malgré l'ajout de sa tâche matinale, Simon Durivage sera de retour en ondes pour son émission à 11 h 30, puis également à 12 h 30. " Le ton de simondurivage.com ne change pas. Mais le matin, il va peut-être y avoir une tasse de café sur la table ", rigole le chef d'antenne, qui se dit très heureux de ses nouvelles responsabilités
Le matin, Simon Durivage pourra aussi être entouré d'invités et d'analystes. " Sylvain Chamberland a de belles idées de ce côté-là. Ça nous permettra d'offrir un produit différent ", explique Simon Durivage. Précisons que notre entrevue avec Simon Durivage s'est déroulée avant l'annonce du renvoi de Sylvain Chamberland. Après une série de formules qui n'ont pas fonctionné, la SRC s'est retirée du créneau matinal en 1998, laissant le champ libre à TVA. Plusieurs animateurs s'y étaient succédé, dont Claude Saucier et Suzanne Lévesque.