Source : La Presse
Nous, les journalistes, va-t-on nous demander d'être comédiens?" La question vient du reporter Étienne Phénix, également président du Syndicat des employés de TQS. Il croit que l'embauche d'Isabelle Maréchal au Grand Journal de 22h, ainsi qu'à Loft Story 2, fera chuter la crédibilité du bulletin de fin de soirée.
"On comprend que TQS veut faire de l'infotainment. Il faut quand même garder un bulletin de nouvelles crédible. On a l'impression que n'importe qui fait n'importe quoi. Est-ce que c'est la comédienne de Virginie qui lit les nouvelles? On commence à avoir de la difficulté avec ça. Je peux comprendre que Denis Lévesque réfléchisse à son avenir. Denis a tenu le fort pendant que la tempête est passée", détaille Étienne Phénix.
Le syndicat des employés de TQS entend demander des comptes à la direction. Du même souffle, il dénonce la confusion des genres qui se dessine au Mouton noir. Car en plus d'animer Loft Story 2 et de commenter les nouvelles au Grand Journal de TQS, Isabelle Maréchal joue dans Virginie à Radio-Canada et apparaîtra brièvement dans Caméra café à TVA.
"Je ne sais pas si Isabelle Maréchal va utiliser ses talents de comédienne pour bien nous faire sentir les nouvelles, ironise Étienne Phénix. Dans quelle galère nous embarquet-on? On voit Isabelle Maréchal dans Virginie, on la voit partout. C'est la seule personne au Québec qui peut prétendre faire de la convergence entre tous les réseaux."
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) n'a pas réagi hier à l'embauche d'Isabelle Maréchal. Le président, Alain Gravel, profitait de ses vacances dans le bois, nous dit-on.
À TQS, les patrons sont convaincus que les téléspectateurs feront facilement la
différence entre Isabelle Maréchal la journaliste, Isabelle Maréchal la comédienne et Isabelle Maréchal l'animatrice de Loft Story 2 . "Le public ne sera pas dupe. Les gens ne vont pas penser qu'Isabelle fait du Loft Story au Grand Journal. Isabelle a la capacité de jouer dans les deux camps. Oui, c'est surprenant, mais notre volonté à TQS, c'est d'innover", indique le porteparole
de TQS, Claude Deraîche.
Selon lui, ce n'est pas la première fois qu'une embauche à TQS provoque des remous. " On a eu Jean Lapierre à l'antenne. On a eu Gilles Proulx. On a Benoît Dutrizac. TQS est convaincu qu'Isabelle Maréchal est capable de faire la part des choses et qu'elle est capable de rigueur journalistique. C'est dans le but d'être en avant de la parade qu'on ajoute Isabelle Maréchal à une équipe solide ", ajoute Claude Deraîche.
Isabelle Maréchal a également fait parler d'elle, l'an dernier, en animant une série de forums régionaux organisés par le gouvernement de Jean Charest. Sa compagnie, les Productions de La Métairie, a touché 4000 $ pour chacun de ces 20 forums: 2000 $ pour l'animation et 2000 $ pour la préparation. Total de l'argent reçu des libéraux: 80 000 $.
Pour un lecteur de nouvelles, ce genre d'association professionnelle n'est jamais bien vu. Rappelez-vous quand La Presse a révélé les liens unissant Stéphan Bureau au groupe Juste pour rire. Trois ans plus tard, on lui en parle encore.
Hier, Isabelle Maréchal a rappelé qu'elle possède un diplôme en communication/journalisme de l'UQAM ainsi qu'un MBA. " La télé est un produit. Et je ne ferai pas n'importe quoi. Ce qui m'intéresse, c'est le journalisme d'opinion. C'est pour ça que je suis partie de Radio-Canada en 1993: ils m'ont dit, ici, du journalisme d'opinion, on ne fait pas ça ", souligne Isabelle Maréchal.
Isabelle Maréchal se dit surprise de la réaction de son collègue Denis Lévesque, rapportée dans La Presse d'hier. L'actuel chef d'antenne du Grand Journal songe à son avenir à TQS, ne désirant pas lire les nouvelles avec " la fille de Loft Story ". " Pourtant, Denis et moi avons eu des discussions et ça s'est super bien passé ", dit-elle.