Le journaliste Michel Jean s'en va à TVA

Source : La Presse

Tout a déboulé à une vitesse incroyable. Le journaliste Michel Jean a annoncé hier après-midi à ses patrons de Radio-Canada qu'il passait dans le camp adverse: en septembre, il coanimera l'émission J.E aux côtés d'Annie Gagnon sur les ondes de TVA.

Enthéorie, Michel Jean devait couvrir la visite du premier ministre Jean Charest en Haïti, prévue dans quelques semaines. Il faudra trouver quelqu'un d'autre. Hier, le journaliste remplissait ses boîtes dans la salle des nouvelles de Radio-Canada quand La Presse l'a joint. Il a eu quelques heures pour saluer ses collègues.

En entrevue, il dit qu'aucune contre-offre n'aurait pule garder à la SRC. "Ma décision était prise et je n'aurais pas trouvé ça honnête", note Michel Jean. Le journaliste se dit content de se joindre à "une petite équipe où (il peut) avoir beaucoup d'input. Le Téléjournal , c'est un plus gros bateau."

Est-il prêt à traquer les bandits avec sa caméra cachée? "Je ne pense pas que c'est ça, J.E . Je ne suis pas un justicier qui va traquer les bandits. Je suis un journaliste, explique Michel Jean. J.E. , c'est une émission qui fait 80 0000 de cotes d'écoute et qui a de l'histoire. La direction veut lui donner une autre saveur, une autre twist."

Sur les ondes de RDI, Michel Jean a animé Le Québec en direct pendant huit ans. Pendant le Sommet des Amériques, il a fait plusieurs interventions avec son masque à gaz qui ont beaucoup fait jaser. Il a aussi couvert le tsunami au Sri Lanka, la guerre en Irak et la crise en Haïti.

Quand on lui demande s'il va s'ennuyer des voyages, il répond que non. "Ce ne sont pas les voyages qui m'intéressent, ce sont les histoires", souligne-t-il. À J.E., Michel Jean retrouvera Annie Gagnon, une ancienne collègue de Radio-Canada. Tous deux ont travaillé en même temps au bureau de Toronto.

Ce qui a inspiré ce commentaire au premier directeur de l'information, nouvelles et actualité de la SRC, Sylvain Chamberland: "Michel a donné 17 ans de sa vie à Radio-Canada. Je lui souhaite sincèrement bonne chance. Il s'en va coanimer la seule émission d'affaires publiques de TVA. Les deux animateurs de J.E. ont été formés à Radio-Canada. Ça en dit long", remarque-t-il.

Les noms des journalistes Alexis Deschênes de la SRC et Benoît Tranchemontagne de TQS ont aussi circulé pour le poste de coanimateur de J.E. Hier, Alexis Deschênes a spécifié qu'il ne commentait pas les discussions passées, présentes et futures avec ses employeurs " question de garder des liens de confiance ". Il a été impossible de joindre Benoît Tranchemontagne, le spécialiste des faits divers du Mouton noir.

Ce n'est pas le seul changement qui guette J.E.. Le rédacteur en chef actuel, Daniel Renaud, quitte son poste pour retourner comme reporter sur le terrain. C'est Nadia Jawhar qui le remplacera.

Après Alexandra Diaz au cours de l'hiver, c'est la deuxième tête d'affiche que TVA débauche à Radio-Canada. Parions que la réplique de la SRC ne tardera pas.

Source : Le journal de Montréal

Surprise: après la journaliste culturelle Alexandra Diaz, au tour du reporter Michel Jean de quitter Radio-Canada pour TVA. Il devient coanimateur de l’émission d’affaires publiques JE en compagnie d’Annie Gagnon. Et ce n’est pas une question de «surenchère», mais de «défi».
«Je ne suis pas Bernard Derome, mais un humble reporter. Donc, on ne parle pas ici de surenchère», confiait hier le principal intéressé, qui faisait déjà ses boîtes à Radio-Canada entre deux appels.

Surprenant tout de même, puisque Michel Jean était un journaliste-vedette du Téléjournal et du Point. On se souvient de ses reportages très humains lors du tsunami, de la crise en Haïti, de la guerre en Irak alors qu’il avait été dépêché au Koweit, et il fut un élément-clé de RDI lors de la crise du verglas et des inondations au Saguenay. D’ailleurs, Michel Jean était parmi les reporters présents dans la publicité pour les dix ans de RDI.

Pourquoi quitter R.-C.?
Alors pourquoi ce départ?

Dans les coulisses de Radio-Canada, son départ a surpris tous ses collègues. Plusieurs croient qu’il espérait un poste d’animateur ou de correspondant à l’étranger qui n’est pas venu…

Le principal intéressé répond plutôt ceci: «Tout s’est passé très vite. Serge Fortin, le dirigeant de l’information de TVA, m’a approché ; je l’ai rencontré il y a une semaine et il m’a offert ce poste prestigieux qu’est l’animation de l’émission d’affaires publiques la plus populaire, avec une moyenne de 800 000 téléspectateurs. J’étais rendu là, tout simplement, dans ma carrière.»

Des histoires d’ici
Et que fait-il de ses missions à l’étranger?

«Elles furent des occasions extraordinaires, mais moi comme reporter, je recherche avant tout de bonnes histoires, à l’étranger comme chez nous. Donc, je suis prêt pour ce nouveau défi où je serai aussi sur le terrain et à l’animation.»

Petit fait cocasse, Michel Jean a déjà travaillé à Toronto avec sa future coanimatrice de JE Annie Gagnon. «Nous étions tous les deux à Radio-Canada à Toronto et nous avions alors posé notre candidature sur le même poste de reporter, que nous n’avions pas obtenu d’ailleurs», ajoute-t-il en riant.

Ni chantage, ni enchères
Pour Serge Fortin, le patron de l’info de TVA, l’ajout de Michel Jean est important.

«Sa rigueur, sa perspicacité et son style fonceur cadrent exactement dans le mandat de l’émission JE.»

À Radio-Canada, le directeur de l’information, Sylvain Chamberland, ancien patron des affaires publiques de TVA et de JE, a vanté le travail de Michel Jean.

«Il était un bon joueur, un collaborateur hors pair. Il a accepté un autre défi et nous respectons son choix, et nous avons apprécié le fait qu’il n’utilise pas cette offre de TVA pour faire monter les enchères.»

Michel Jean doit entreprendre en juin son nouveau mandat à TVA.

Hier, il se rappelait la saine compétition vécue en Haïti avec Paul Larocque de TVA, aujourd’hui son collègue.

«Nous nous demandions tous les jours lequel de nous deux allait être capable de sortir la meilleure histoire. C’est sympathique de voir que nous sommes aujourd’hui dans la même boîte.»

Le déménagement de Michel Jean à TVA s’explique en partie par le travail de recrutement du patron de LCN, Martin Cloutier, qui était à RDI quand Michel Jean était chef d’antenne à Québec.